Un tiers de la création de richesse en Région bruxelloise est lié aux exportations
Ce "À la Une" analyse l’importance des exportations à l’étranger pour le tissu économique bruxellois.
L’exportation des services, un moteur de l’économie bruxelloise
En Région bruxelloise, la production de biens et de services destinée à la demande étrangère est à l’origine d’un tiers de la valeur ajoutée (33 %) et de plus d’un quart des emplois (28 %) (tableau 1).
À la différence de la Flandre et de la Wallonie, où la production est davantage tournée vers l’exportation de biens, le tissu économique bruxellois dépend surtout de l’exportation de services. À Bruxelles, la production liée aux services exportés procure 24 % de la valeur ajoutée et 21 % de l’emploi. Les activités des sièges sociaux et les services financiers sont les plus sollicités.
La production liée à l’exportation de biens belges occupe une place relativement restreinte à Bruxelles. Elle est à l’origine de 9 % de la valeur ajoutée et de 7 % de l’emploi régional, principalement dans le commerce de gros et de détail ainsi que dans les services liés à l’emploi (c’est-à-dire les agences d’intérim et de placement de main-d’œuvre).
Toujours dans la production de biens, celle liée aux exportations du secteur bruxellois de la construction automobile contribue à environ 0,4 % de l’emploi et de la valeur ajoutée régionale. Cette contribution est principalement apportée par l'activité du site d’Audi à Forest. En effet, la majorité des voitures assemblées dans l’usine de Forest est destinée à l’exportation. En octobre 2024, le groupe Audi a annoncé la fermeture définitive de ce site prévue pour février 2025.
Tableau 1 : Part de la valeur ajoutée et de l’emploi bruxellois liée aux exportations belges en 2015
Exposition de la production | En valeur ajoutée | En emploi |
---|---|---|
Directe à l'exportation de biens | 3 % | 2 % |
Indirecte à l'exportation de biens | 6 % | 5 % |
Directe à l'exportation de services | 16 % | 13 % |
Indirecte à l'exportation de services | 8 % | 7 % |
Totale | 33 % | 28 % |
Source : Tableaux entrées-sorties interrégionaux pour l'année 2015, BFP. Calculs : IBSA.
Lecture : La production des activités bruxelloises qui exportent des biens à l’étranger génère 3 % de la valeur ajoutée et 2 % de l’emploi. La production des activités qui participent indirectement à la production de biens belges exportés génère 6 % de la valeur ajoutée et 5 % de l’emploi.
Pour mesurer l’exposition du tissu économique bruxellois à la demande étrangère, l’ensemble de la chaîne de valeur[1] des produits belges exportés est étudiée. Une activité peut être directement ou indirectement impliquée dans la production des biens et services exportés (tableau 1) :
- L’exposition directe : il s’agit de la production des activités qui livrent les produits finaux exportés. Par exemple, les voitures qui sortent de l’usine d’Audi ne sont plus transformées avant d’être exportées, l’activité de l’usine est donc directement exposée à la demande étrangère ;
- L’exposition indirecte : il s’agit de la production des activités qui livrent des biens et services qui sont transformés par une autre entreprise belge avant d’être exportés[2]. Par exemple, le secteur de l’intérim bruxellois, qui met à disposition des travailleurs pour l’usine d’Audi, dépend indirectement des exportations du secteur de la construction automobile.
Les activités bruxelloises participent surtout indirectement à la production de biens belges exportés
En Région de Bruxelles-Capitale, peu d’activités produisent des biens destinés à être exportés. Par contre, de nombreuses activités sont indirectement impliquées dans la production de biens belges exportés. Il s’agit notamment d’activités de services (conseil de gestion, services financiers) qui accompagnent les industriels flamands ou wallons exportateurs. Au final, en Région bruxelloise, les deux tiers des retombées liées à l’exportation de biens belges sont indirectes (tableau 1).
À l’inverse, de nombreuses activités bruxelloises, tels que les sièges sociaux des multinationales, exportent directement leurs services. Ainsi, les deux tiers des retombées des services exportés sont liés à des échanges directs avec l’étranger.

Source : Tableaux entrées-sorties interrégionaux pour l'année 2015, BFP. Calculs : IBSA.
Les matrices régionales input-output pour appréhender la dépendance aux exportations
La chaîne de valeur liée aux exportations peut être étudiée via les matrices interrégionales input-output belges. Ces matrices, construites par le Bureau fédéral du Plan, illustrent les interactions économiques entre les différents secteurs d'activités et secteurs institutionnels (ménages, administrations publiques) de la Région bruxelloise, ainsi que leurs échanges avec la Flandre, la Wallonie et le reste du monde. Les dernières matrices disponibles couvrent l’année 2015.
L’exposition des secteurs aux exportations est évaluée en identifiant la destination de la production de chaque secteur. Les destinations possibles de la production sont :
• La consommation intermédiaire : les produits consommés par d’autres secteurs d'activités de l’économie belge. Ces derniers utilisent les produits comme intrants pour produire d’autres biens et services. Par exemple, une partie des services financiers bruxellois est consommée par le secteur industriel flamand, qui exporte à son tour une partie de sa production à l’étranger. L’exposition indirecte aux exportations est mesurée via ce flux.
• La consommation des ménages : les achats de biens et services des ménages belges.
• Les investissements : les biens et services durables comme les machines, les bâtiments, les logiciels ou les brevets produits par le secteur. Ces produits durables consommés par les différents secteurs institutionnels belges visent à renforcer leur capacité productive future.
• La consommation publique : les achats des administrations publiques pour offrir des services à la population, tels que la santé, l’éducation ou la sécurité.
• Les exportations : les biens et services destinés à une consommation (intermédiaire ou finale) à l’étranger. L’exposition directe aux exportations est estimée via ce flux.
[1] La chaîne de valeur englobe toutes les étapes nécessaires à la production d’un bien ou d’un service, en identifiant les acteurs qui y contribuent.
[2] Ou en d’autres mots, qui entrent dans le processus de production de biens et services exportés par une autre entreprise belge.
Pour aller plus loin
- Le Focus n°25 sur les matrices régionales input-output.
- Les chiffres annuels sur les importations et exportations bruxelloises.